- Détails
Après treize années de recherches, c'est aujourd'hui lundi que l'avion solaire Impulse 2 va prendre son envol à Abou Dhabi pour un tour du monde qui doit durer cinq mois. Le menu et les repas des deux pilotes suisses, Bertrand Piccard et André Borschberg, ont été confectionnés par une équipe de scientifiques du Centre de recherche Nestlé, en Suisse. Cette équipe est dirigée par une Libanaise, Amira Kassis.
«Nous avons travaillé en contact étroit avec l'équipe de Solar Impulse 2 (SI2), les partenaires médicaux et les pilotes eux-mêmes durant cinq ans, afin de mesurer leurs besoins nutritionnels et peaufiner leur menu, indique Amira Kassis à L'Orient-Le Jour. Le plus grand défi était de concevoir un menu qui fournirait une alimentation adéquate, qui soit adapté aux conditions extrêmes de la température et de la pression de l'air et qui également réponde aux goûts des pilotes.»
Pour cela, la jeune femme de 35 ans et son équipe ont travaillé très étroitement avec les deux pilotes également cofondateurs du projet SI2 afin de bien comprendre les conditions de vol ainsi que leurs habitudes et leurs préférences alimentaires. «La priorité a toujours été accordée à leur sécurité alimentaire et leur nutrition», affirme Dr Kassis qui, après avoir décroché sa licence à l'American University of Beirut (AUB), a poursuivi ses études au Canada, dans la prestigieuse université McGill où elle a obtenu son doctorat en nutrition.
Le menu comporte évidemment des produits Nestlé, des soupes froides, mais aussi, à la demande des deux pilotes, des plats chauds qu'ils prépareront à bord de leur avion grâce à une plaque autochauffante. «Bertrand Piccard aurait aimé que le menu soit en entier libanais, il était donc très heureux de voir que du taboulé faisait partie des plats prévus», note Amira Kassis. La jeune Libanaise souligne dans ce contexte avoir revisité le taboulé traditionnel en y ajoutant du quinoa pour ses valeurs nutritionnelles.
Tous les plats ont été préparés dans la cuisine expérimentale du Centre de recherche Nestlé. Ils ont été emballés de manière à être préservés durant trois mois. Ensuite, un nouveau lot de plats sera envoyé aux pilotes. Dans l'avion, la nourriture sera placée dans une boîte isolante et toutes les mesures ont été prises pour que l'emballage des aliments résiste aux fluctuations de la pression atmosphérique.
L'avion baptisé SI2 et propulsé par 17 000 cellules solaires «doit accomplir ce qu'aucun autre avion dans l'histoire n'a réussi auparavant: voler sans carburant, avec un seul pilote dans un cockpit non pressurisé pendant cinq jours et nuits consécutifs », avait expliqué André Borschberg à l'AFP. L'objectif: promouvoir les énergies renouvelables. Longtemps, André Borschberg et Bertrand Piccard avaient été la risée de l'industrie aéronautique, l'idée de voler grâce à la seule énergie solaire semblant impossible.
«Cette expérience était incroyable, se félicite Amira Kassis. Faire partie d'un tel projet révolutionnaire et contribuer à son succès est très gratifiant.» En dépit de quelques «moments difficiles», « j'étais certaine que nous allions réussir », ajoute-t-elle. Et de poursuivre : «Le projet en soi et les pilotes sont tellement inspirants que j'ai toujours été très motivée de soutenir le Solar Impulse et je le suis toujours.»
Amira Kassis explique qu'après le décollage, une nouvelle partie de son travail débutera: «Je suivrai les pilotes et surveillerai leur état nutritionnel surtout durant les longs vols de cinq jours et cinq nuits. » Il est prévu que le SI2 se pose à terre douze fois pendant les 35 000 kilomètres de son voyage. Il s'arrêtera d'abord à Mascate, dans le sultanat d'Oman, et puis, entre autres escales, en Inde et en Birmanie.
L'Orient le Jour 08/03/2015
- Détails
Les 3 600 panneaux solaires du « Beirut River Solar Snake » permettront d’assurer l’équivalent des besoins en électricité de 1 000 habitations. Photo Louise Meunier
Le champ de panneaux solaires installé sur le fleuve de Beyrouth entrera en service fin avril. Sa capacité de production initiale de 1 MW devrait contribuer à diversifier l'approvisionnement électrique du pays.
Serpentant au-dessus du fleuve de Beyrouth, ses écailles tournées vers le soleil, le Beirut River Solar Snake (BRSS), long de 300 mètres, commencera à produire de l'électricité solaire d'ici à la fin avril. Cette entrée en service constitue la première étape opérationnelle du plus important projet de production d'énergie photovoltaïque du Liban, avec une capacité initiale de 1 MW, soit l'équivalent des besoins de 1 000 habitations.
À l'issue d'un appel d'offres lancé par le ministère en 2013, le chantier a été confié à un consortium de cinq entreprises, dont quatre libanaises : les sociétés d'ingénierie mécanique Asaco et Phoenix ; les fournisseurs de béton et de châssis métalliques Dalal Steel Industries et Derviche Haddad PPB Structures ; et le fournisseur chinois de panneaux solaires Yingli Solar. Il est financé par le ministère de l'Énergie et de l'Eau à hauteur de quatre millions de dollars, dont 15 % en frais d'entretien. Les coûts de construction atteignent les 3,1 millions de dollars (hors TVA), dont un million de dollars pour la structure en béton et le châssis d'acier, et 2,1 millions de dollars pour les 3 600 panneaux solaires installés sur 10 450 mètres carrés. Après neuf mois de travaux, le lancement opérationnel ne nécessite plus que l'installation d'un transformateur reliant les trente modules de panneaux et des câbles de connexion au réseau électrique national.
Les 1,65 million de KWh d'électricité que le champ devrait produire chaque année alimenteront le réseau national et devraient permettre à EDL de réaliser une économie de 400 000 dollars. « Mais cette somme sera réinvestie pour construire un nouveau champ de panneaux solaires », précise Pierre Khoury, directeur du Lebanese Center for Energy Conservation (LCEC) qui chapeaute le projet.
Inciter le marché
Créé en 2007, cet organisme indépendant est affilié au ministère de l'Énergie et de l'Eau, qui assure 70 % de son budget, et participe à la stratégie mise en œuvre par les pouvoirs publics pour favoriser le développement des énergies renouvelables (voir encadré). « Après cette première phase opérationnelle, d'autres devraient suivre pour porter de manière graduée la capacité de production du BRSS à 10 MW. Mais cela dépendra en grande partie de sa capacité à créer un mouvement d'entraînement sur le marché », explique Pierre Khoury. Un objectif qu'il considère pour l'heure atteint : depuis le lancement du BRSS, plusieurs projets d'équipement de bâtiments en panneaux photovoltaïques ont été lancés sur le marché libanais par le secteur privé, pour une capacité totale de 30 MW.
Des initiatives également encouragées sur le plan financier par le programme Neerea de prêts « efficacité énergétique » lancés en 2010 par la Banque du Liban. Quelque 250 millions de dollars ont déjà été versés par l'intermédiaire de ce mécanisme, « essentiellement pour des projets photovoltaïques », précise Pierre Khoury. D'ici à fin 2015, cette somme devrait dépasser les 400 millions de dollars. « Ce type d'incitation va permettre le développement exponentiel du marché. Pour notre part, nous nous sommes déjà lancés dans la mise en œuvre de plusieurs projets photovoltaïques, et la part du solaire dans notre chiffre d'affaires annuel augmente en moyenne de 50 % par an, pour atteindre désormais 5 à 8 % de nos activités », reconnaît Rabih Osta, directeur général régional de la société Phoenix.
En attendant que son exemple soit suivi en masse, le BRSS devrait poursuivre son rôle d'aiguillage avec le lancement, d'ici à la fin du deuxième trimestre, d'un nouvel appel d'offres portant sur sa deuxième phase qui étend ses capacités à 2 MW.
---
Dix pour cent d'électricité photovoltaïque d'ici à 2020 ?
Avec 300 jours d'ensoleillement par an, le Liban dispose de ressources naturelles en mesure de combler une partie de son déficit d'offre en électricité. D'ici à 2020, le gouvernement souhaite porter la production nationale d'énergie solaire à 200 MW, soit 12,5 % de la capacité de production actuellement disponible au Liban et 8 % de la demande locale.
Un objectif relativement mesuré, qui s'explique en partie par plusieurs obstacles. D'abord, l'espace nécessaire pour produire 200 MW avec des panneaux photovoltaïques représente environ 2 km2 de terrain, soit 0,02 % de la superficie du pays. Ensuite, le monopole de production accordé à Électricité du Liban empêche les investisseurs privés de vendre leur électricité. La loi 288 votée par le Parlement en avril 2014 permet la privatisation de la production d'électricité pour une durée de deux ans, mais aucun décret d'exécution n'est venu compléter le texte.
L'Orient le jour 05/03/2015
.- Détails
La journaliste Léa Salamé
Elle n'en finit plus de monter. La journaliste franco-libanaise Léa Salamé, 35 ans, fait partie du classement des personnalités de l'année 2014 établi par la rédaction et les lecteurs du magazine GQ France. Seule femme du classement, Léa Salamé, nouvelle recrue de Laurent Ruquier pour "On n'est pas couché" sur France 2, a été désignée "femme de l'année".
La fille de l'ancien ministre Ghassan Salamé et de Mary Boghossian, est également en lice pour le prix "Femmes en Or 2014"', un trophée créé en 1993 qui sera décerné le 13 décembre à Avoriaz. Ce prix récompense des femmes d'exception (artistes, sportives, scientifiques, responsables associatives et chefs d'entreprises) "qui font progresser la place des femmes, suscitent des vocations et font bouger les ligne en participant à l'évolution de la société".
Aux côtés de Léa Salamé dans le classement GQ, l'on trouve l'acteur Omar Sy, désigné "homme GQ de l'année" et succédant à Zlatan Ibrahimovic élu en 2013, le maire UMP de Bordeaux Alain Juppé, le chanteur Julien Doré, le chef étoilé Alain Ducasse ou encore le perchiste olympique Renaud Lavillenie.
Alain Juppé, a été sacré "homme politique de l'année 2014" pour son "côté sage". Il était en lice avec le ministre de l'économie Emmanuel Macron et l'économiste Pierre Larrouturou.
Alain Ducasse, "éternel explorateur des goûts, a été promu "chef de l'année". Réalisateur du film "les Beaux gosses", l'auteur-dessinateur Riad Sattouf a été élu écrivain de l'année. Le "designer GQ 2014" est Patrick Norguet.
A la rentrée, Léa Salamé a pris la succession de Natacha Polony dans "On n'est pas couché" aux côtés d'Ayméric Caron. Ses accrochages avec, entre autres, Jean-Luc Mélenchon ou Eric Zemmour, ont fait le buzz.
"Mon rêve a toujours été d'être journaliste, avouait-elle en juillet dernier à L'Orient-Le Jour, bien plus que chroniqueuse ou éditorialiste. Interviewer des personnalités politiques reste l'exercice que je préfère."
Léa Salamé a quitté le Liban pour Paris à l'âge de 5 ans, "comme de nombreux Libanais, alors", suite au déclenchement de la guerre dite civile. "Mais contrairement à de nombreux Libanais, précisait-elle, nous sommes restés. J'ai grandi là-bas, avec le déracinement qu'on peut imaginer." Et de citer Sartre : "Tout homme a son lieu naturel ; ni l'orgueil ni la valeur n'en fixent l'altitude : l'enfance décide..."
OLJ 19 novembre 2014
.- Détails
Sabah s'en va et une magnifique époque du Liban s'en va avec elle.
https://www.lorientlejour.com/article/855447/sabah-nest-plus-la-diva-a-rejoint-les-etoiles.html
.- Détails
Le sous-marin en approche de l'épave, au large de l'île de Gozo, à Malte. Projet Groplan
Des archéologues viennent de découvrir une épave très rare à Malte, qui éclaire le commerce des Phéniciens. Ces navigateurs hors pair furent les principaux artisans de l'essor des échanges en Méditerranée durant l'Antiquité. Entretien.
Qu'est-ce qui fait la singularité de cette épave ?
C'est la plus ancienne épave d'un navire de commerce à l'ouest de la Méditerranée. Datée de 700 à 675 ans av. J.-C., elle appartient à une période essentielle dans l'histoire de cette région. Car à l'époque, les échanges commerciaux s'intensifient et s'étendent à travers une grande partie de la Méditerranée. Cet essor est en grande partie dû aux marchands phéniciens, qui ont investi l'ouest de la Méditerranée depuis peu.
Or jusqu'ici, nous n'avions qu'un des versants de ces échanges : ce qui venait du Proche-Orient. En effet, les seules cargaisons commerciales connues pour cette époque étaient situées au large d'Israël ou de la Turquie [voir carte ci-dessous]. Côté occidental, il n'y avait rien. Ou alors des épaves plus récentes, trop fragmentaires, ou qui ne sont de simples barques, etc.
En outre, l'épave, d'une douzaine de mètres de long, est dans un état exceptionnel. En effet, elle a coulé sur un fond plat, un plateau calcaire qui ne comporte pas de relief ni de pente importante. Et elle se trouve à environ 120 mètres de fond. Or à cette profondeur, il y a moins d'organismes marins susceptibles de la dégrader. Et elle est restée protégée d'éventuels pilleurs. Car avec des plongeurs, il est pratiquement impossible de faire des fouilles sous-marines au-delà de 70-80 mètres.
Comment avez-vous découvert l'épave ?
Il y a quelques années, l'équipe d'un archéologue maltais, Timothy Gambin, a réalisé une prospection des fonds sous-marins autour de Malte. Avec un sonar, ils détectaient des formes intéressantes. Puis ils descendaient un robot chargé de prendre des photographies pour savoir de quoi il s'agissait. De cette manière, ils ont répertorié un certain nombre d'épaves. Plus tard, Timothy m'a montré les photos de l'une d'elle, me demandant de les expertiser. La qualité des clichés était suffisante pour que j'identifie une épave phénicienne d'environ 700 ans av. J.-C., d'après les types d'amphores de sa cargaison. Mais nous en étions restés là. Puis j'ai rencontré un spécialiste des relevés en trois dimensions des sites archéologiques sous-marins, Pierre Drap. Il cherchait une épave en eau profonde pour mettre en application de nouvelles techniques qu'il avait mises au point, et je lui ai suggéré celle de Malte. C'est comme cela qu'a débuté le projet.
Qu'avez-vous découvert ?
Cet été, nous avons loué les services de la COMEX, la société d'exploration sous-marine avec laquelle Pierre collabore. Avec leurs bateaux et leurs petits sous-marins robotisés, nous avons réalisé le relevé 3D de l'épave. Et remonté trois amphores différentes, ainsi qu'une meule en basalte. Nous allons les confier prochainement à un laboratoire pour qu'il en identifie l'origine grâce à des analyses. La cargaison semble principalement constituée d'amphores et de meules à moudre le grain. Mais nous n'en voyons que le haut. Car le reste est vraisemblablement enfoui sous la vase.
Qui sont les Phéniciens ?
Nous ne les connaissons essentiellement que par le portrait qu'en dressent leurs voisins grecs. Pour ces derniers, les Phéniciens étaient des peuples qui vivaient au Proche-Orient, dans une zone centrée sur le Liban actuel. Mais par extension, ce nom a fini par désigner pour les historiens tout un ensemble de peuples liés à cette région et qui parlaient à peu près la même langue. Cette diaspora s'installe, entre le IXe et VIIe siècle av. J.-C., le long de la côte sud de la Méditerranée. Elle fonde des établissements en Tunisie (Carthage, notamment), en Espagne (Cadix), en Sardaigne, dans l'ouest de la Sicile, au Maroc et à Malte.
Les raisons de cette colonisation sont inconnues, car pratiquement aucun de leurs textes ne nous sont parvenus. Le plus souvent, les historiens supposent que les Phéniciens étaient à la recherche de matières premières, le cuivre en Sardaigne par exemple, ou les mines d'argent en Andalousie. La découverte de Malte nous montre que c'est plus compliqué que cela.
Pourquoi ?
Parce que visiblement, un siècle environ après leur fondation, les colonies phéniciennes ne servaient pas qu'à rapatrier les matières premières vers le Proche-Orient. Elles exportaient déjà du vin et sans doute d'autres produits. C'est ce que suggère notre analyse des amphores présentes dans la cargaison. En outre, l'épave de Malte embarquait des marchandises de provenances différentes : Carthage, le golfe de Naples, peut-être l'ouest de la Sicile et la région romaine. Le bateau ne convoyait donc pas que la production d'une seule région. Sa cargaison a été assemblée à partir de différents arrivages, dans un port de commerce, avec des entrepôts. L'ouest de la Méditerranée avait donc vraisemblablement toute une organisation commerciale, que nous entrevoyons à peine.
Le Monde
.