Au cours de la conférence de presse, de gauche à droite : Chérif Majdalani, Thierry Quinqueton et Salwa Nacouzi. Photo Michel Sayegh
C’est dans le cadre des activités du Salon du livre francophone de Beyrouth (du 1er au 10 novembre) que se déroulera la seconde édition du prix « Liste Goncourt/Le Choix de l’Orient ».
Ce prix, lancé l’année dernière lors du 20e Salon du livre de Beyrouth en présence de la présidente et des membres de l’Académie Goncourt, a pour principe de créer un jury étudiant pour procéder à la sélection d’un ouvrage parmi les neuf titres de la 2e sélection de l’Académie Goncourt.
Annoncée hier par ses organisateurs, à savoir l’Institut français du Liban et le bureau Moyen-Orient de l’AUF, ce prix littéraire francophone régional est parrainé cette année par Mathias Énard, auteur de l’ouvrage primé en 2012, Rue des voleurs. Il se tiendra donc cette année en présence également de l’écrivain et cinéaste Philippe Claudel, membre de l’Académie Goncourt.
« À cette occasion, Énard recevra son ouvrage Rue des voleurs, traduit en arabe », a précisé Salwa Nacouzi, directrice régionale de l’AUF, lors d’une conférence de presse à l’hôtel Palm Beach, Aïn el-Mreisseh. « En s’appuyant sur les étudiants, il s’agit de créer un prix littéraire pérenne, susceptible de dynamiser la filière du livre au Moyen-Orient, spécialement dans le champ de la littérature francophone », a déclaré Nacouzi. Tout en soulignant que ce prix est « reconnu par les éditions du livre primé qui en font un outil de promotion à travers leurs canaux de diffusion », elle a noté qu’il constitue également « un outil de promotion indiscutable de la littérature contemporaine souvent absente ou négligée dans les cursus des départements français de la région. Cette opération permet à la fois l’innovation pédagogique et la professionnalisation des formations. La critique littéraire et le nombre et la qualité de l’écriture de chroniques rédigées par les étudiants en sont témoins ».
À noter que le Choix de l’Orient est présidé cette année par le romancier et professeur de lettres Chérif Majdalani.
Quant au grand jury, il comprend plus de 15 étudiants de cinq pays du Moyen-Orient (Liban, Égypte, Irak, Palestine et Syrie). « Cette collaboration interuniversitaire régionale est l’occasion de contribuer au dialogue interculturel. Un blog est créé à cet effet : espace de partage et d’échanges associant plus de 300 étudiants qui permet le dépôt de commentaires de lecture, de chroniques littéraires, de revues de presse... », a conclu Nacouzi en promettant une plus grande participation régionale pour l’année prochaine.
Thierry Quinqueton, directeur du bureau du livre et de la médiathèque à l’Institut français, a estimé de son côté que « vu de loin, compte tenu des évènements régionaux, ce projet peut paraître un peu fou. Ce prix est néanmoins l’occasion de réaffirmer la culture et la littérature dans les universités et l’apport que le monde universitaire (professeurs et étudiants) peut aussi présenter pour la mise en avant de la littérature ».
Se disant peu diplomate, le nouveau directeur a voulu remercier les universitaires pour leur action bénéfique qui consiste à sortir les prix littéraires de leur confinement un peu parisien. « Le prix Goncourt évoque, pour certains, un côté “germanopratin” , c’est-à-dire un peu centré sur le boulevard Saint-Germain, a-t-il dit. Et je crois que nos amis du Goncourt qui ont accepté de se prêter à cette formidable aventure du Choix de l’Orient nous permettent de remercier tous les acteurs universitaires de la région, et d’abord les étudiants pour leur participation. Le prix Goncourt se trouve ainsi soumis à l’écriture, à la lecture et à la critique en Irak, au Liban, dans les territoires palestiniens... »
Chérif Majdalani a estimé pour sa part que « ce prix est un évènement de grande importance ». Et d’en énumérer les raisons : « La première est qu’il va permettre de mettre des étudiants arabes ensemble, ce qui n’est pas très souvent le cas dans un monde arabe morcelé et cloisonné. Ce prix met, de plus, les étudiants arabes en contact avec la littérature francophone contemporaine. Et mon rêve serait de voir la même chose adaptée à un prix littéraire arabophone prestigieux qui donnerait la parole et le droit de vote aux jeunes. »
« Par l’exercice du dialogue, de la discussion et de l’écoute, les étudiants arabes qui vont se réunir à Beyrouth vont choisir un lauréat loin des pressions et des enjeux économiques et éditoriaux qui mettent la pression en France », a jouté le président du Choix de l’Orient 2013
Donc ce Choix de l’Orient permet aussi d’apporter un autre regard sur la littérature contemporaine française, un regard venu d’Orient, de très loin.
À souligner que les étudiants commencent à plancher dès aujourd’hui sur la Liste Goncourt. Les délibérations du grand jury étudiant et la proclamation du lauréat du Choix de l’Orient 2013 se dérouleront le dimanche 3 novembre 2013 à 15h30 au Salon du livre francophone de Beyrouth (BIEL), en présence du recteur de l’AUF, le professeur Bernard Cerquiglini.
En lice...
La deuxième sélection, réduite à neuf romans, se présente comme suit :
Sorj Chalandon avec Le quatrième mur (Grasset)
Sylvie Germain avec Petites scènes capitales (Albin Michel)
Pierre Lemaitre avec Au revoir là-haut (Albin Michel)
Boris Razon avec Palladium (Stock)
Laurent Seksik avec Le cas Eduard Einstein (Flammarion)
Chantal Thomas avec L’échange des princesses (Seuil)
Jean-Philippe Toussaint avec Nue (Minuit)
Karine Tuil avec L’invention de nos vies (Grasset)
Frédéric Verger avec Arden (Gallimard).
La troisième sélection sera dévoilée le mardi 29 octobre. Qui pour succéder à Jérôme Ferrari, l’auteur du Sermon sur la chute de Rome, prix Goncourt 2012 (invité également du Salon de Beyrouth cette année) ? Réponse le lundi 4 novembre 2013.
Pour Le Choix de l’Orient, c’est un jour à l’avance et un favori au départ, murmure-t-on : Sorj Chalandon, dont l’ouvrage est situé... au Liban.
L'Orient le Jour 3 octobre 2013
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