Paris le 14 mai 2013
A l’occasion de la journée des Vins du Liban en France qui a eu lieu à Paris le 14 mai 2013 dans les salons de l’hôtel Georges V, beyrouthparis.com a rencontré les producteurs libanais et est revenu avec une série d’entretiens. Notre troisième entretien avec Emile MAJDALANI, Directeur Export de Château Kefraya.
Emile Majdalani à la journée des vins du Liban en France le 14 mai 2013
Beyrouthpris.com : Considérez-vous cette journée du vin du Liban comme une consécration du vin libanais à l’étranger ou bien une étape parmi d’autres vers une reconnaissance internationale ?
Emile Majdalani : C’est un évènement de haut rang qui met en évidence le très bon niveau qualitatif atteint à ce jour par les vins du Liban. Il y aura bien entendu d’autres ‘’journées du vin du Liban’’. Même si nous ne pouvons encore parler aujourd’hui de ‘’consécration à l’internationale’’, celle-ci se profile à l’horizon et nécessitera du temps et de la persévérance.
Beyrouthparis : Nous observons depuis quelques années une monté qualitative dans les vins de Kefraya. La note 92/100 attribuée par Robert Parker au Comte de M 2009 en est un exemple récent. Est-ce une réponse à un environnement plus concurrentiel ou bien une adaptation à une demande plus exigeante de la part des consommateurs ?
E. Majdalani : Cette montée en qualité est aussi bien liée à l’environnement concurrentiel qu’aux exigences de consommateurs de plus en plus avertis. Mais elle trouve initialement son essence dans la devise adoptée par Château Kefraya : ‘’Semper Ultra’’ (‘’Toujours Plus Haut’’). Il s’agit là d’une véritable Stratégie.
Beyrouthparis : Les manifestations à l’étranger concernant le vin libanais se multiplient depuis quelques années. Comment cet effort de marketing se traduit-il sur vos ventes à l’export ?
E. Majdalani : D’une manière très satisfaisante et ce en dépit de la conjoncture économique. Nous atteignons cette année les 40 marchés d’export et poursuivons notre expansion, notamment en Asie.
Beyrouthparis : Quels sont selon vous les défis majeurs du secteur vinicole libanais ? Quelles mesures les producteurs libanais devront-ils prendre collectivement ou individuellement pour rendre le vin libanais plus compétitif sur le marché international ?
E. Majdalani : Le chemin entamé est le bon, les producteurs libanais se doivent de toujours persévérer dans leur quête qualitative. Dans un petit pays comme le Liban, la qualité n’est pas un choix, elle est le seul moyen d’exister et d’accéder à une reconnaissance encore plus marquée au niveau international.
Beyrouthparis : Comment décrivez-vous en quelques mots les points forts du vin du Liban ?
E. Majdalani : Tradition millénaire, Terroir d’exception, Typicité unique.
Beyrouthparis : Qu’est ce qui explique l’expansion de l’industrie vinicole libanaise. Une histoire de passionnées ou bien des conditions objectives favorables ?
E. Majdalani : Certainement les deux. Sans l’existence d’un terroir favorable, l’engouement des passionnés ne serait pas le même. Nous disposons d’une excellente matière première, de grandes potentialités.
Beyrouthparis : Comment les pouvoirs publics libanais peuvent accompagner concrètement ce dynamisme du secteur vinicole ? Que demandent concrètement les producteurs du vin au gouvernement libanais ?
E. Majdalani : Un Institut de la Vigne et du Vin ! La bonne nouvelle est que ce dernier est sur le chemin de l’avènement. Aussi, davantage de subventions pour les participations aux expositions internationales feraient une différence très nette sur les exportations.
Beyrouthparis : L’appellation Vin du Liban vous convient-elle comme un levier de vente à l’export. Comment mettre en valeur cette appellation ?
E. Majdalani : Plus qu’une enseigne apposée à une étiquette, une appellation d’origine (contrôlée) est synonyme d’adoption de règles de production strictes par l’ensemble des producteurs; un tournant majeur dans l’évolution notre l’industrie vinicole.
Beyrouthparis : Quelle place pour les petits/jeunes producteurs sur le marché d’exportation à coté des noms bien établis (Kefraya, Ksara, Musar)
E. Majdalani : Tout producteur privilégiant la qualité a sa place et sert le secteur d’une manière globale. Aussi, la grande variété des sols au Liban fait que le goût du vin diffère substantiellement d’une marque à l’autre. L’expansion de la production nationale est avantageuse pour nous tous.
Beyrouthparis : Constatez-vous un développement de vos ventes à l’étranger en dehors du marché captif du réseau des restaurants libanais sur lequel vous régnez avec Château Ksara ?
E. Majdalani : Oui, bien sûr. Le réseau des restaurants libanais est la vitrine parfaite pour un vin libanais, que le consommateur découvre en complément idéal d’un mezzé ou de plats traditionnels. Mais ce réseau ne constitue finalement qu’un segment du marché existant; nous élaborons aujourd’hui des vins qui trouvent parfaitement leur place sur les tables de grandes références internationales.
Beyrouthparis : La vivacité de l’industrie vinicole libanaise se traduit aussi par une politique de communication très active ? Croyez-vous que la culture du vin se généralise au Liban ou bien il s’agit toujours d’un public élitiste ? y a t- il un potentiel de développement du marché local ?
E. Majdalani : Ce potentiel que vous évoquez nous étonne d’année en année, avec l’augmentation constante de la demande locale. Le public du vin se développe parallèlement au palais de consommateurs de tous bords et le ‘’facteur santé’’ joue ici un rôle prépondérant et en notre faveur.
Beyrouthparis : La présence du vin Libanais en France est elle une présence de reconnaissance ou croyez vous réellement à des objectifs commerciaux ambitieux sur le marché français, marché qui n’est pas facile à percer pour le vin étranger ?
E. Majdalani : C’est un marché d’une richesse gastronomique inégalable et finalement plus enclin à recevoir un vin étranger qu’on ne le pense… Un bon vin revêtant les saveurs et arômes d’un terroir étranger atypique y trouvera sa place; il est source d’exotisme, d’évasion !
N’oublions pas aussi les liens d’amitié indéfectible entre nos deux pays qui font que l’on s’y sent comme dans un ‘’deuxième chez soi’’. Les vins français sont de même de plus en plus prisés au Liban.
Beyrouthparis : Kefraya est un des plus grands producteurs de vin au Liban qui jouit d’une bonne image de marque bien établie. Êtes-vous satisfait de votre part sur le marché français ?
E. Majdalani : Etre satisfait serait un manque d’ambition; il y a encore tant à faire sur ce marché de prédilection, notamment dans les secteurs des restaurants français et des cavistes.
Beyrouthparis : Quelles nouveautés avez-vous à nous annoncer concernant Château Kefraya ?
E. Majdalani : Avec le lancement récent des vins ‘’Château Kefraya Blanc’’ et ‘’Château Kefraya Rosé’’, lesquels s’ajoutent au vin rouge de Célébration (et de moyenne-garde) ‘’Château Kefraya’’, nous temporisons les créations cette année et nous consacrons à des nouveautés liées au développement de l’Oenotourisme au domaine.
Beyrouthparis : Quels sont selon vous les actions à entreprendre pour donner plus de visibilité au vin du Liban en France ?
E. Majdalani : Il n’y a pas de secret pour faire connaître un vin; il faut le faire déguster, toujours créer l’occasion pour porter le vin au palais du consommateur. C’est un effort de présence à long-terme. L’évènement du Georges V en est une belle illustration et l’union des producteurs sous une même enseigne en renforce l’effet.
Beyrouthparis : Que dites vous aux amateurs de vin en France pour les encourager à déguster du vin libanais ?
E. Majdalani : La tradition et le savoir-faire français sont à l’origine de la ‘’Renaissance de l’Art du Vin’’ au Liban au milieu du XIXème siècle, nous invitons aujourd’hui les amateurs de vin de l’Hexagone à découvrir à leur tour un autre goût de terroir, à prendre part à un voyage initiatique.
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